Au 19ème siècle dans les marais salants d’Aigues-Mortes, la récolte du sel attirait chaque année au mois d’août des centaines de travailleurs saisonniers, français, italiens, migrants des montagnes Languedociennes ou vagabonds jetés sur les routes par la révolution industrielle et le capitalisme grandissant.

 

Nous sommes à la fin du siècle, le 17 août 1893.

Nous sommes au coeur de la période d’invention et d’affortissement du sentiment national français qui aboutira à la boucherie de la guerre de 14.

Les exclus du système concentrés à Aigues-Mortes pour travailler dans des conditions très dures sont les 1ères victimes de l’endoctrinement nationaliste.

Le sentiment d’être Français reste leur dernière dignité a laquelle ils s’accrochent pendant leur naufrage social. Les travailleurs saisonniers Italiens accusés de prendre le travail des Français vont être l’objet d’un lynchage collectif. Bilan : une dizaine de morts, des dizaines de blessés, une presse endoctrinée et endoctrinante et une justice défaillante, acquittant les assassins.

 

Partant de cette histoire et de la lecture des travaux de Gérard Noriel, historien, Laurent Cavalié écrit un long poème narratif.

C’est le parcours d’un travailleur saisonnier parti de sa montagne chassé par la faim qui découvre ce pays de sel, de vent et de misère.

 

Poésie extatique, coincée entre le ciel et l’eau puante, mais nourrie des grandes idées libertaires de l’époque. Troublant écho au nationalisme d’aujourd’hui.